L’impression du Grand Voltaire de Kehl, nous le devons à Beaumarchais, plus connu en tant que librettiste d’opéra comique : „Les Noces de Figaro“, „Le Barbier de Séville“. Beaumarchais, de son vrai nom Pierre-Augustin Caron (1732-99), était un homme à multiples talents, souvent considéré comme un filou (un malin ou un homme rusé). Il a exercé divers métiers, notamment horloger, fonctionnaire de la cour, musicien, spéculateur, écrivain, agent secret, marchand d’armes, révolutionnaire, et éditeur, pour n’en nommer que quelques-uns. Toutes ces compétences l’ont hissé parmi les hommes les plus riches et influents de France dans les années précédant la Révolution française de 1789.

En 1778, il a fait la connaissance de Voltaire, alors gravement malade, lors d’une représentation théâtrale à Paris. Plus tard, il a prétendu que Voltaire lui avait demandé à cette époque de publier son œuvre complète. Nous ne le savons pas avec certitude. Ce qui est certain, c’est que Beaumarchais a acquis cette œuvre de l’éditeur parisien Panckoucke après la mort de Voltaire.

Avec jusqu’à 36 presses d’imprimerie, l’atelier de Beaumarchais était à l’époque l’entreprise la plus grande et la plus moderne d’Europe. Cette fabrique comptait 5 employés au bureau et dans la composition, 7 dans la section du papier, 8 dans la reliure, 14 dans la fonderie et 78 dans l’imprimerie. En tout, jusqu’à 500 personnes vivaient dans l’établissement, parmi lesquelles des Belges, des Allemands, des Italiens, des Autrichiens, des Suisses et de nombreux Français.

Selon les plans de Vauban, Kehl a été transformée en ville fortifiée en 1683, changeant de mains six fois en seulement 60 ans. À partir du milieu du XVIIIe siècle, elle a été exclusivement utilisée à des fins civiles et est devenue un lieu de rencontre germano-français. En 1774, la colonie a été élevée au rang de ville. Depuis la destruction de la forteresse lors des guerres de la Révolution, il ne reste que quelques rares traces de l’ancienne forteresse de Kehl dans le paysage urbain de Kehl.